Article paru dans la DNA
Vendredi 22 octobre 2010
Crise économique: Les propositions des députés européens
Une vraie politique énergétique et une taxe sur les transactions financières : les recommandations de la commission spéciale du Parlement européen sur la crise économique sont le « résultat du travail collectif de quatre groupes politiques », souligne la socialiste française Pervenche Berès, auteur du rapport adopté à une large majorité mercredi.
– Votre rapport fait trente pages mais est extrêmement dense en constats et propositions. Que sélectionneriez-vous ?
– Pervenche Berès : On peut commencer par le coût de cette crise : 60 trillions de dollars !
Le deuxième point, c’est que l’Union européenne est le seul espace intégré qui ne considère pas la question énergétique comme une question stratégique comme nous devons absolument le faire. Nous devons négocier les contrats d’approvisionnement de l’Union en parlant d’une seule voix. Nous devons coordonner la recherche sur les énergies renouvelables, développer et organiser les capacités de stockage européen…
On a les outils juridiques pour le faire mais pour l’instant ils sont sans effet. L’interconnexion des réseaux électriques à l’échelle européenne est une priorité mais la Commission ne s’en occupe pas et préfère laisser les États membres se bouffer le nez.
« Ce n’est pas une politique européenne!»
Monsieur Barroso est tout content d’assister à la conclusion d’un accord entre tel État membre et la Russie, ou quand on l’appelle pour résoudre l’affaire de l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine ! Ce n’est pas ça une politique européenne ! Il faut organiser la solidarité ! Et même le mastodonte EDF serait plus fort vis à vis de la Russie si on parlait au nom des Vingt-Sept !
Mais pour mettre en place la Communauté européenne de l’énergie, il faut notamment définir les moyens financiers.
– Justement, vous évoquez comme ressource une taxation des transactions financières… et c’est passé !
– Ça, c’est une avancée considérable ! On la demande de manière très forte ! Elle pourrait aussi servir à réduire la spéculation, à financer des biens publics et réduire les déficits publics.
Je l’avais proposé dans mon rapport originel et personne n’a essayé de l’en faire sortir ! La négociation a été très très très difficile mais cette réussite tient à une bonne raison, c’est que mon correspondant au PPE est Othmar Karas, qui est autrichien. Or le gouvernement autrichien est favorable à une taxation des transactions financières.
«Les lignes bougent»
Ce qui est très important avec cette taxe, c’est qu’on demande, bien sûr, de la faire au niveau mondial, mais si ça ne marche pas on propose de commencer par le niveau européen. Parce que si on attend que tout le monde soit d’accord, on ne le fera jamais.
Mais la bataille n’est pas finie, parce que le jour où nous avons voté ça en commission, la même idée a été rejetée en commission des budgets, de 8 voix. Mais avec le vote du Parlement mercredi, on voit que les lignes bougent.
Propos recueillis par
Anne-Camille Beckelynck