Depuis trop longtemps, le secteur financier a été sous-fiscalisé. Dans le sillage de la crise, les contribuables lui ont fourni, en soutien exceptionnel, des milliards en Europe et dans le monde. Maintenant que le secteur a renoué avec les profits, il est temps qu’il contribue à hauteur de sa juste part. La taxe sur les transactions financières (TTF), une idée qui existe depuis 1939, connaît un regain d’actualité et constitue la prochaine étape cruciale pour l’UE. A l’initiative des socialistes et démocrates, le Parlement européen en débattra à nouveau le 7 mars.
Une TTF est un outil essentiel pour mettre un terme à l’injustice fiscale. Aujourd’hui, la charge fiscale pèse principalement sur l’emploi et les entreprises alors que le secteur financier demeure largement exonéré de toute taxation. La TTF lui permettra de contribuer au coût de la reprise après la crise dont il porte la responsabilité. Parallèlement à la mise en place d’un nouveau cadre européen de régulation et de supervision, la TTF peut être un outil important pour lutter contre la prise de risque excessive, la spéculation, le court-termisme et l’opacité qui ont eu des conséquences dévastatrices sur l’économie. Même les plus ardents défenseurs du libre marché reconnaissent que le secteur financier, dont les transactions représentent plus de 70 fois le PIB mondial en raison d’abord de la croissance rapide du secteur des produits dérivés de gré à gré, se concentre sur les investissements spéculatifs et très risqués. Alors que la crise de la dette de la zone euro se propage, il est temps de s’engager dans une réforme qui restaure les marchés financiers dans leur fonction de base : financer l’économie réelle.
Nous voulons un partage plus équitable du coût de la crise en envoyant l’addition aux institutions financières qui en portent la principale responsabilité, mais qui jusqu’ici ne l’ont pas assumée ou n’en ont pas payé le prix. Nous voulons un outil de taxation efficace qui, en raison de son bas niveau (0,01- 0,05% par exemple), renchérira uniquement le coût des transactions les plus nuisibles et spéculatives telles que le trading à haute fréquence, les ventes à découvert ou à nu, sans pénaliser les transactions créant de la valeur ajoutée en faveur de l’économie réelle. Nous devons contester l’argument du lobby des services financiers selon lequel, en pénalisant ces transactions hautement spéculatives, court-termistes et à haut risque, la TTF est un « coup porté à la compétitivité de l’économie européenne ». Car le coup réel porté à la compétitivité européenne est celui de continuer à faire peser la charge fiscale sur l’emploi et l’investissement réel. Une taxe sur les transactions financières à l’échelle mondiale serait la meilleure solution, mais la difficulté de dégager un accord au sein du G20 ne saurait servir à l’UE de prétexte à l’immobilisme. L’Europe doit montrer la voie en introduisant une taxe sur les transactions financières à l’échelle européenne.
Signataires : Pervenche Berès (France), Udo Bullmann, Leonardo Domenici (Italie), Elisa Ferreira (Portugal), Arlene McCarthy (Royaume-Uni) Anni Podimata (Grèce).