Croissance par les services ou croissance par l’industrie

La Croix
Mercredi 29 février 2012
Les Européens cherchent des solutions communes pour relancer l’activité, sans s’accorder sur les moyens d’y parvenir.

Face à l’austérité budgétaire ambiante, la croissance européenne fait pâle figure. Mais si les bonnes intentions ne manquent pas pour relancer l’activité, les Vingt-Sept ne partagent pas la même vision. 

Douze États membres, emmenés par les chefs de gouvernement britannique, David Cameron, et italien, Mario Monti, ont ainsi clairement affiché leur option libérale, dans une lettre adressée aux dirigeants européens avant le sommet qui s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles. 

Au total, ces « douze », qui comprennent aussi les dirigeants néerlandais, estonien, letton, finlandais, irlandais, tchèque, slovaque, espagnol, suédois et polonais, insistent sur huit priorités, allant d’une libéralisation accrue des services, de l’énergie, des transports, à la réforme du droit d’auteur en ligne, en passant par la signature de multiples accords de libre-échange. 

Paris et Berlin pour une croissance industrielle

Ils militent aussi pour la mobilité des retraités européens ou encore la réduction du nombre de professions réglementées, la réduction du fardeau que représente la réglementation européenne ou encore la promotion de marchés du travail « efficaces ».

Fait marquant : Paris et Berlin n’ont pas signé ce texte, ayant, eux, déjà défendu en janvier une approche plus industrielle de la croissance européenne. Pour l’eurodéputée socialiste française Pervenche Berès, l’Europe devrait même engager d’abord une « vraie politique industrielle » avec trois priorités, qu’elle énumère à La Croix : la rénovation des logements, le développement de transports verts et l’investissement dans les énergies alternatives.

Toujours selon une approche volontaire pour soutenir l’activité, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, défend son idée de « project bonds », des emprunts européens consacrés à de grands investissements, comme l’interconnexion des réseaux de transports, d’énergie et de télécommunications entre les pays de l’Union. 

Un projet de grand emprunt industriel

Avec l’aide de la Banque européenne d’investissement (BEI), la Commission a proposé, l’automne dernier, de réserver à cette fin, pour 2012-2013, 230 millions d’euros dans l’actuel budget européen. Une sorte de grand emprunt susceptible d’encourager jusqu’à 3,5 milliards d’euros d’investissements dans ces infrastructures. Même s’il ne s’agit que d’un projet pilote, la Commission attend toujours un accord des Vingt-Sept.

Quantité d’autres propositions visant à dégager de la croissance dans l’Union ont aussi été recensées par la Commission, qui mise sur une intégration renouvelée du marché européen. À l’instar du projet de création d’un brevet communautaire, qui promet aux entreprises innovantes de réaliser ainsi des économies considérables. Mais ce vieux dossier reste, pour l’heure, toujours bloqué.

NATHALIE VANDYSTADT, à BRUXELLES

 

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