Tribune cosignée par Rudolf Hundstorfer, Nicolas Schmit, Pervenche Berès et Philip Cordery.
L’Europe continue de subir les effets de la pire crise de son histoire; une crise financière et économique, mais aussi sociale, qui frappe de plein fouet les jeunes Européens à travers le continent. 5,5 millions de jeunes sont actuellement sans emploi dans l’Union européenne. En France, le chômage touche 23,2 % des jeunes. Ces taux sont plus élevés encore en Grèce et en Espagne où un jeune sur deux de moins de 25 ans est au chômage.
Le chômage des jeunes a un impact personnel considérable mais également des répercussions durables sur nos sociétés. Sans un revenu fixe et décent, les jeunes sont vulnérables. De plus, le chômage limite leurs perspectives de carrière, réduit leurs salaires et leurs retraites, créant un cercle vicieux d’aggravation de dépendance et d’exclusion de la société. La crise du chômage chez les jeunes favorise le désengagement et creuse le fossé entre les jeunes Européens et nos sociétés à un moment où nous avons tant besoin de leurs capacités d’innovation.
Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous devons, sans attendre, promouvoir des solutions concrètes pour lutter contre ce fléau. Tous les citoyens doivent savoir qu’ils ont un « rôle à jouer » dans leur société et dans leur communauté. Offrir un travail décent est un objectif fondamental pour les socialistes: c’est pourquoi nous lançons une campagne en faveur d’une garantie européenne pour les jeunes.
Si nous ne voulons pas perdre une génération entière, nous devons offrir aux jeunes des perspectives d’avenir et leur faire une place sur le marché du travail. Nous devons montrer que l’Union européenne peut apporter des changements positifs à leur vie. Pour cela, nous proposons qu’en France et partout en Europe soit créée une garantie pour les jeunes qui assurerait à chaque jeune Européen un nouvel emploi, un enseignement postscolaire ou une formation professionnelle dans les quatre mois qui suivent sa sortie de l’école ou son inscription au chômage.
Garantir aux jeunes Européens un tel droit ne relève pas de l’utopie: une telle garantie existe déjà en Autriche et en Finlande et sa mise en place au Luxembourg est prévue avant la fin de l’année.
C’est pourquoi nous apportons notre soutien à la campagne : « Ton avenir-mon avenir: une garantie européenne pour les jeunes ».
La garantie pour les jeunes, tout en créant plus d’emplois, doit aussi être étayée par des systèmes d’éducation et de formation plus performants. Nous devons nous inspirer du système d’éducation dual existant dans les pays qui affichent de faibles taux de chômage des jeunes: il permet aux jeunes d’acquérir une expérience professionnelle en entreprise tout en recevant une formation professionnelle à l’école.
La lutte contre le chômage des jeunes aura un coût. Mais ne rien faire nous coûterait bien plus cher encore. L’inactivité de 5,5 millions de jeunes coûte 100 milliards d’euros par an, 100 milliards que les contribuables européens ne veulent pas gaspiller. L’obsession de l’austérité de madame Merkel, de Monsieur Sarkozy et des autres conservateurs européens nous a non seulement plongés dans la crise économique mais elle est aussi directement responsable des niveaux alarmants du chômage des jeunes, c’est pourquoi nous estimons que nous avons besoin du contraire: plus d’investissements publics et privés, dans l’éducation et l’innovation. À cette fin, nos partenaires au sein du Parti socialiste européen (PSE) et nous-mêmes proposons d’utiliser 10 milliards d’euros sur les 22 milliards non utilisés du Fonds social européen pour financer la création d’emplois pour les jeunes, en particulier dans les pays en grande difficulté. Ces fonds pourraient aider à sortir du chômage quelque 2 millions de jeunes.
Il est urgent d’instaurer une garantie pour les jeunes à travers l’Europe et de redoubler d’efforts pour offrir aux jeunes des emplois décents et des perspectives d’avenir. C’est là la seule façon de leur montrer que l’Union européenne est de leur côté, qu’elle considère leurs aspirations comme une priorité et qu’elle peut leur prêter main forte en période de crise.