Article par Pervenche Berès pour la Revue socialiste
Janvier 2013
Pour ma génération, non pas celle qui a connu la guerre, mais celle qui, avec François Hollande, est convaincue que « L’Europe est notre avenir », la crise que connaît l’Europe frappe comme un rappel à l’ordre. Elle oblige à regarder dans le rétroviseur pour comprendre d’où viendrait la faute. Interroger les vices de la construction européenne, c’est interroger la méthode Monnet et au-delà, aussi bien au regard des politiques de l’Union que du dispositif institutionnel qui les met en œuvre.
C’est renseigné par la crise actuelle, qui à l’échelle de l’Union est d’abord une crise de la zone euro, que l’on pourra corriger la trajectoire.
Face au défi de la réconciliation de vieux États-nations, la méthode Jean Monnet devait apporter une logique de l’engrange, celle des petits pas qui devait rendre plus acceptable la transition vers plus d’intégration.
Paradoxalement, au moment où l’Europe telle que voulue par les pères fondateurs, constitue un grand ensemble de paix capable de peser à l’échelle du monde, elle donne l’impression d’être la plus critiquée, notamment au sein d’États comme l’Espagne ou le Portugal où la valeur ajoutée européenne ne faisait pas de doute avant le début de la crise.
Pour exercer un regard critique sur cette évolution, il faut examiner les chantiers inachevés de l’Union, l’absence de reconnaissance du facteur d’intégration forcée que constitue l’euro et les risques de dérive vers une forme que l’on peut qualifier d’ordo-fédéralisme.