Nous avons besoin de davantage de solidarité intérieure et extérieure

Pervenche Berès (S&D). – Madame la Présidente, je veux d’abord remercier tous les collègues qui ont adressé à la délégation française des messages de solidarité avec la République française et remercier aussi les collègues qui, ici, au Parlement européen, ont permis que l’hymne national, la Marseillaise, retentisse dans notre hémicycle.

L’horreur dans les rues de Paris ou de Saint-Denis est la même que celle des  rues de Bagdad, Beyrouth, Bamako ou Tunis celle d’une gare, d’un métro, d’un marché, d’un hôtel, d’une plage, d’un vol de retour de vacances.

 Notre ennemi commun et ses bras armés sont les mêmes partout : des êtres primitifs, sans foi ni loi,  utilisant tous les moyens modernes,  qui ont décidé de s’affranchir du respect de l’être humain. Nous ne combattons pas un autre pays, pas un Etat, nous combattons une confuse nébuleuse d’intérêts divergents utilisant la religion comme étendard. Là réside une part de nos difficultés.

 La première des réponses face à la barbarie, c’est l’unité de tous, la solidarité.  La paix doit être toujours construite, toujours défendue.

 Nous devons être solidaires. C’est la seule manière d’apporter une réponse européenne, mais aussi mondiale, à la situation à laquelle nous sommes confrontés. Nous avons besoin de davantage de sécurité intérieure, de sécurité extérieure, elle doit aller de pair avec davantage de solidarité intérieure, davantage de solidarité extérieure.

 Solidarité intérieure – il s’agit bien sûr d’abord aujourd’hui du PNR. Nous sommes mobilisés pour l’obtenir, comme nous nous y sommes engagés, d’ici la fin de l’année. Pour cela, il faudra traiter des questions des vols intra-européens, de la durée avant masquage des données ou de la prise en compte des crimes nationaux. Mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres, ainsi la question de la coopération entre les services de renseignement et leur qualité doit impérativement être améliorée.

 Sécurité extérieure, la demande française de mobilisation, pour la première fois, de l’article 42, paragraphe 7, dit combien nous avons besoin de progresser pour mettre en place une Europe de la défense et d’une politique étrangère.

 Solidarité intérieure, parce que nous ne pouvons pas laisser se développer une situation où la menace terroriste et les failles du système détricotent trop vite des accords obtenus laborieusement entre les États membres et engendrent et fertilisent les amalgames. Il ne faut pas oublier l’essentiel : les réfugiés syriens sont d’abord les victimes du même ennemi que nous, à savoir Daech. A ceux qui surfent sur les drames et qui voudraient confrondre, dans le cas de mon pays, l’identité française et la question migratoire, à ceux qui oublient ou feignent d’oublier que l’identité française est liée à l’accueil, il faut rappeler les propos du président de la République française, François Hollande, devant le Parlement grec en octobre dernier : « La démocratie, c’est s’adresser à l’intelligence des peuples plutôt que d’exciter leurs peurs ».

 Nous devons aussi veiller à ce que nos politiques économiques assèchent le terreau sur lequel recrutent les terroristes dans nos quartiers, dans nos territoires. Pourcela nous avons besoin d’une politique économique qui nous permette d’investir. Solidarité et nouvelles priorités dans l’affectation des moyens, donc, parce que nous savons que les désordres sociaux, économiques, environnementaux alimentent, même si ils ne les excuseront jamais, tous les actes de folie, le terrorisme,  le nihilisme.  Nos sociétés  doivent  être en mesure de donner un horizon, une éducation, une conscience à ces jeunes en déshérence, proies faciles des prophètes du chaos, qui sont peut-être plus hypnotisés par la promesse de quelques heures de triste gloire que parce que le paradis leur serait offert au terme de leurs équipées mortelles. Sur notre société médiatique, aussi, nous devons nous interroger.

 Enfin, solidarité extérieure, parce que, comme l’a dit, au Parlement européen, la chancelière Merkel, nous devons aussi repenser notre politique pour que, dans les pays fragiles, l’État puisse se constituer, la démocratie exister et les gens vivre en disposant d’une perspective de vie dans des conditions décentes.

 Ce besoin de solidarité doit au plus vite, se traduire dans les actes. De nos dirigeants européens bien sûr, mais aussi des citoyens qui doivent les soutenir dans leurs efforts pour mettre en place les conditions de la sécurité, techniques et légales et ne céder ni à la tentation de la haine et de la division, ni au poison de la méfiance et du rejet de l’autre parce qu’il est autre.

 La bataille qui est devant nous sera longue, mais les démocrates doivent se donner les moyens de la gagner.

 

Pervenche Berès (S&D), question « carton bleu ». – Monsieur le Président, je remercie le président Weber pour l’expression de sa solidarité avec la République française, mais je m’étonne de sa stigmatisation et de la poursuite d’un climat de conflit, alors que nous sommes tous mobilisés pour faire aboutir le PNR. Nous avons assisté à une instrumentalisation d’une position cohérente des socialistes qui, en commission LIBE, ont voté contre un texte qui ne reprenait aucune des demandes françaises, et qui ont permis et voulu que la négociation s’engage afin d’aboutir à un PNR d’ici la fin de l’année.

J’espère, Monsieur Pittella, que M. Weber nous soutiendra afin que nous aboutissions ensemble à ce PNR d’ici fin 2015.

Pervenche Berès (S&D), réponse « carton bleu ». – Il est sûr que le carton bleu de M. Tajani répondait à mon intervention, mais je veux partager avec lui cette conviction qui est que lorsque les diplomates n’ont pas vu en Afghanistan la situation des femmes se dégrader, et ont mis trop longtemps à comprendre que lorsque la situation des femmes est atteinte, c’est toute la civilisation qui est atteinte. Nous continuons à en payer le prix. Je suis donc, chers collègues, tout à fait d’accord pour dire que la question du statut de la femme est aussi un élément sur lequel les démocraties doivent être mobilisées sans discontinuité.