Lundi 5 décembre 2015
Tribune commune parue dans le HuffingtonPost par :
Pervenche Berès – Députée européenne, Présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen
Udo Bullmann – Chef de file des eurodéputés socialistes allemands
Dimitrios Papadimoulis -Chef de file des eurodéputés Syriza
Un Eurogroupe doit se pencher sur la situation de la Grèce ce lundi 5 décembre. Alors que le gouvernement Tsipras tient ses promesses et a déjà démontré qu’il appliquait des réformes politiques courageuses, et que la Grèce renoue ainsi enfin avec la croissance depuis deux trimestres, c’est au tour des Européens de tenir leurs engagements: la question de l’allègement de la dette grecque -180% du PIB- doit enfin être mise sur la table.
Cette perspective a toujours figuré dans les promesses des Européens, notamment lors de l’Eurogroupe du 24 mai 2016. Après avoir reconnu les efforts massifs et sans précédent du gouvernement hellénique en matière de réformes et de sérieux budgétaire et les progrès significatifs réalisés, nous devons les récompenser en tenant nous-mêmes nos promesses.
Par ailleurs, nous encourageons fortement le gouvernement grec à poursuivre la mise en œuvre de réformes urgentes en matières économique et de fonction publique. Ces réformes sont indispensables à l’intérêt du peuple et de la jeunesse grecs.
Il est plus que temps d’analyser la soutenabilité de la dette grecque et d’en tirer toutes les conséquences: c’est d’ailleurs ce que demande le FMI depuis plusieurs années maintenant; malheureusement, il y a une contradiction manifeste à réclamer d’avoir le FMI à bord dans le traitement du dossier grec, puis à refuser de l’entendre lorsqu’il préconise un allègement de la dette. Les créanciers doivent parler d’une seule voix, en ayant à l’esprit la stabilité et la prospérité de la zone euro et de la Grèce.
Les Européens doivent d’urgence envoyer ce signal, car ne rien faire reviendrait à laisser la Grèce s’épuiser et le peuple grec sans espoir, alors même que le pays devrait renouer avec une croissance nette annuelle de 2,7% en 2017, croissance sans précédent depuis 2008
L’allègement de la dette grecque est indispensable afin que les Grecs tiennent bon et que nous tournions tous ensemble la page de la crise. Ces derniers ont consenti beaucoup de sacrifices pour réparer les dommages causés ces dix dernières années, comme aucun autre peuple européen: les salaires, pensions et retraites ont baissé de 38% entre 2009 et 2014. Jusque récemment, la pauvreté infantile a progressé, tout comme le nombre de suicides, alors même que le secteur de l’éducation et de la santé a été désintégré. A notre tour de faire un effort, y compris les pays qui peuvent investir leurs excédents dans la croissance européenne et respecter les engagements pris vis-à-vis des Grecs. L’élection de M. Trump, les forces néolibérales et de l’ultra-droite menacent la croissance européenne et les valeurs sociales, et donc le projet européen : il y a urgence à ce que les Etats membres de la zone euro fassent vivre leur unité !
L’article sur le Huffington Post