Clin d’œil de l’histoire lorsque vie publique et vie privée se mêlent pour fabriquer un impressionnant symbole européen avec cette cérémonie d’hommage à Helmut Kohl dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, ville symbole de la réconciliation franco-allemande. A l’heure où la tentation du repli national plane comme une sombre menace de désagrégation, elle témoigne de l’actualité de l’œuvre d’un homme qui, réunissant son pays pour dépasser l’héritage de la seconde guerre mondiale, y puisera l’obligation européenne, celle de l’unité du continent. Je me souviens de la présence si forte d’Helmut Kohl aux obsèques de François Mitterrand, son complice de la construction européenne, là le premier était seul, laissant comme un goût étrange.
Clin d’œil de l’histoire encore lorsque la veille de cet hommage, Simone Veil, la première présidente de ce même Parlement disparaissait à son tour. Première présidente de notre institution, mais à la tête de tant d’autres combats, survivante de l’horreur du nazisme, militante des droits des femmes, européenne convaincue. Pour les femmes de ma génération et pour tant d’autres, nous savons ce que nous lui devons avec l’émancipation des femmes, avec le droit à l’avortement, ce droit toujours à reconquérir tant il est aujourd’hui menacé ici et là.
Puisse leur mémoire nourrir l’action de ceux qui aujourd’hui doivent affronter les menaces qui planent sur le continent européen. Elles requièrent de la génération en place ce même dépassement de soi-même et de son histoire, ce courage, cette droiture et cette vision.