Jeudi 17 janvier 2019
Débat Toute l’Europe 20 ans de l’Euro animé par Jules Lastennet et Christophe Préault
La monnaie unique européenne a fêté ses 20 ans. Deux décennies au cours desquelles l’euro s’est enraciné dans le quotidien des Européens, a vacillé sous les effets de la crise et a été réformé. Pour les eurodéputées Pervenche Berès (France, PS) et Ingeborg Grässle (Allemagne, CDU), la « folle aventure » de la monnaie unique doit maintenant se poursuivre en améliorant le pilotage de la zone euro.
L’euro n’est pas un « événement », mais un « processus ». Depuis la tribune du Parlement européen de Strasbourg, mardi 15 janvier, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011, rappelle que la monnaie unique européenne est une entreprise par définition inachevée. Si celle-ci s’est révélée être un succès, de nouvelles réformes dans son fonctionnement devront être entreprises dans un futur proche.
Folle aventure
Lancé en 1999 pour les transactions financières avant d’être généralisé à tous les échanges en 2002, l’euro vient ainsi de fêter ses 20 ans d’existence. « Nombreux sont ceux qui nous prenaient alors pour des fous », s’amuse aujourd’hui Jean-Claude Juncker, s’exprimant à la suite de M. Trichet. « Nous constatons avec satisfaction que l’œuvre entreprise est couronnée de succès ».
Interrogées par Toute l’Europe, les eurodéputées Pervenche Berès (France, PS) et Ingeborg Grässle (Allemagne, CDU) en conviennent, l’euro a été une « folle aventure ». Mais « au fil de l’histoire, on a vu à quel point l’euro est utile pour les Européens », explique Mme Berès. D’autant plus qu’on a tendance à minimiser « les problèmes qu’on avait à l’époque », abonde Ingeborg Grässle, avec les dévaluations fréquentes et l’instabilité monétaire.
L’éclatement de la crise en 2008 aurait toutefois bien pu faire effondrer l’édifice. « On a vu l’abîme », se remémore l’eurodéputée conservatrice allemande. Dans l’urgence, « on a littéralement créé une série d’instruments ». Un « bricolage » indispensable qu’il convient aujourd’hui de compléter en réfléchissant à l’établissement d’une « gouvernance sereine de l’euro », ajoute Pervenche Berès qui, en tant que présidente de la commission des Affaires économiques du Parlement européen à l’époque, s’est trouvée au cœur de la gestion de la crise.
Manque de confiance réciproque
La question du budget de la zone euro est à cet égard posée et ce dernier devrait voir le jour dans le cadre du prochain budget pluriannuel de l’UE pour la période 2021-2027. Cette capacité budgétaire nouvelle ne devrait en revanche pas être assortie d’une fonction de stabilisation de l’économie, soit précisément ce qui manque actuellement à la zone euro où la convergence est en panne.
En cause ? Le manque de « confiance réciproque », comme l’explique l’économiste Patrick Artus entre les Etats partageant la monnaie unique. Une confiance qui, selon Ingeborg Grässle s’évapore « rapidement quand [un pays] ne respecte pas les règles ». A l’inverse, pour Mme Berès, c’est « collectivement » que nous devrions « réfléchir à comment mettre en œuvre les bonnes réformes dans les Etats membres », car lorsqu’elles sont imposées trop brutalement, les réformes structurelles « ne marchent pas très bien ».