29 Octobre 2010
L’Humanité
Par Pervenche Berès, députée européenne (PS).
La résolution du Parlement européen sur la crise financière, économique et sociale du 20octobre dernier est l’aboutissement d’une année de travaux et de négociations, marquées par le dépôt de 1625 amendements, que je résumerai à une victoire et à une déception. La déception est relative au diagnostic. Là où la gauche pointait l’accroissement des inégalités sociales et l’entrée dans un capitalisme financier comme origines de la crise et identifiait les accessions au pouvoir de Mme Thatcher et de M. Reagan comme moment de basculement, la droite ne voit qu’une crise parmi d’autres. Mais, face à la résurgence des égoïsmes nationaux, nous proposons un changement de gouvernance, une Europe de la valeur ajoutée par la mise en œuvre de projets et non pas accompagnatrice des seules logiques du marché intérieur. Au lieu de définir les conditions de libéralisation de l’énergie, l’Europe doit créer une communauté européenne de l’énergie permettant de concilier indépendance énergétique, solidarité entre États membres, réduction de la consommation et justice sociale. Pour faire cela, elle doit disposer d’une nouvelle capacité budgétaire, notamment par la création de ressources propres telles qu’une taxation des transactions financières. Le Parlement européen plaide également pour une fiscalité rééquilibrée entre capital et travail, la prise en compte de la situation des États en surplus budgétaire, des mesures contracycliques. Il insiste sur la création d’emplois décents, ne préjuge en rien des systèmes nationaux de retraite et s’inquiète de ce que les mesures d’austérité minent les protections sociales existantes. À défaut d’un changement de système, les propositions contenues dans le rapport permettent d’aller vers un modèle durable et solidaire.