L’entente affichée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vous semble-t-elle augurer d’une meilleure gouvernance économique en Europe?
Cela permet de sauver la face. Mais cela ne va pas régler le problème. On continue comme avant, on ne fait pas le bilan. La stratégie de Lisbonne n’a pas marché, mais on la remet sur la table. On fait la même chose avec le Pacte de stabilité. Cela n’a pas marché, mais on recommence. On ne peut pas piloter un espace économique aussi important que la zone euro avec deux petits chiffres. C’est infantile. Cette crise n’est pas une crise de la dette souveraine, c’est une crise de la gouvernance de la zone euro.
Mais le groupe van Rompuy propose justement de nouveaux indicateurs de compétitivité…
L’application d’indicateurs ne permet pas d’être intelligent, de saisir le moment, de créer de la valeur ajoutée européenne. Cet exercice sur la gouvernance économique aurait dû faire l’objet d’une convention. Le débat est bloqué depuis dix ans par l’impasse franco-allemande, et on tente de le résoudre en urgence par le franco-allemand. Il n’y a pas d’idées nouvelles côté français et une radicalisation côté allemand. La véritable urgence, c’était d’avoir un fonds. On l’a. Prenons le temps de débattre. Si on veut que cela marche mieux, il faut associer les parlements nationaux, non pas faire des ajustements à la marge. Ou alors se doter d’un budget communautaire de 20 % du PIB qui permettra de laisser les États membres faire ce qu’ils veulent. Mais il ne semble pas qu’on en prenne le chemin.
José Manuel Barroso considère que c’est la commission qui est le gouvernement économique de l’Europe, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel que ce sont les Vingt-Sept. Qui doit piloter?
Ni l’un ni l’autre. Il faut un mixte sinon cela ne marchera pas. D’où l’idée d’un monsieur Euro, un équivalent de Catherine Ashton, qui ait la double légitimité et de la visibilité à l’extérieur.
Le président du Conseil Herman van Rompuy ne pourrait-il jouer ce rôle?
Il est trop intergouvernemental. S’il était en même temps président de la Commission, ce que n’interdisent pas les traités, alors oui, il pourrait jouer le rôle de chef du trésor européen, avoir la légitimité suffisante.
Propos recueillis par Florence Autret
(*) Présidente de la commission des affaires sociales du Parlement européen et rapporteur de la commission sur la crise économique, financière et sociale.
Pervenche Berès (*)