Délégation socialiste française
Pervenche Berès, Présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen, exprime sa plus vive inquiétude après la publication de l’examen annuel de croissance et du rapport conjoint sur l’emploi de la Commission.
En faisant de l’assainissement budgétaire l’alpha et l’omega d’un retour à la croissance, la Commission se fait l’élève zélé de la doctrine des marchés financiers.
Au lieu de reconnaitre le modèle social européen comme un atout dans la compétition mondiale et comme un facteur de stabilité, de croissance fondée sur la demande intérieure et de stimulation de la recherche et de l’innovation, la Commission le sacrifie sur l’autel de la rigueur. Elle prend le risque de détruire les stabilisateurs automatiques dont l’utilité face à la crise a été reconnue.
Pour Liêm Hoang-Ngoc, membre de la commission des affaires économiques et monétaires, l’analyse de la Commission délaisse délibérément des indicateurs pourtant cruciaux. « Pour justifier ses politiques de dérégulation sociale, elle s’interdit ainsi de regarder le niveau inquiétant de sous-utilisation des capacités de production résultant d’une demande insuffisante. Imposer des politiques de soutien de l’offre dans ces conditions n’aura aucun impact sur l’emploi, alors que les politiques d’austérité continueront au contraire d’étouffer une demande et un pouvoir d’achat déjà anémiques ».
M. Barroso se cache derrière la subsidiarité lorsqu’il s’agit de taxer les transactions financières, de lutter contre le dumping fiscal ou encore de proposer des euro-obligations. Il n’a malheureusement pas pris les mêmes préoccupations pour s’immiscer dans des compétences nationales, du ressort des partenaires sociaux, en attaquant de front les systèmes de retraite, la législation sur la protection de l’emploi et le niveau des salaires. C’est une violation inacceptable des fondements du dialogue social qui est proposé aux Etats membres consentants.
« Les plans de rigueur imposés aux Etats membres ayant sollicité l’aide financière de l’Union étaient préoccupants. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de l’Union qui s’y soumet. Il s’agit là d’un changement profond du pacte social entre les citoyens européens et leurs gouvernements dénué de tout fondement démocratique. Le Parlement européen et les parlements nationaux doivent s’inscrire dans le semestre européen pour s’opposer à l’usage que la Commission de M. Barroso veut en faire » déclare Pervenche Berès.