Troisième numéro de « Votre Europe », le webjournal des socialistes français au Parlement européen from Députés socialistes européens on Vimeo.
Journaliste de Notre Europe : Pervenche Berès bonjour, vous êtes la Présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales au Parlement européen, qu’est-ce qui vous inquiète dans la proposition de la Commission européenne?
Pervenche Berès : Ce paquet que l’on appelle la proposition pour le semestre européen donne l’impression que la Commission voudrait que les salaires, le niveau des retraites soient la variable d’ajustement pour permettre aux Etats membres de faire face à cette crise. Cela signifie que l’on demande qu’aux victimes de cette crise de faire l’ajustement. Je crois qu’il y a là un risque d’injustice sociale extrêmement grave.
Pourtant une coordination des politiques économiques et budgétaires est nécessaire en Europe. Comment imaginez-vous cette coordination en terme de moyens et d’objectifs ?
Cela fait des années que nous nous battons pour qu’il y ait une vraie coordination des politiques économiques des pays membres de la zone euro en particulier parce que cela est indispensable lorsque l’on partage une monnaie unique. Sinon on arrive à cette crise dont un des éléments est lié à cette absence de coordination. Mais si à partir du moment où il n’y a pas eu de coordination jusqu’ici, c’est qu’on avait un mauvais outil qui était le pacte de stabilité qui voulait que la coordination repose uniquement sur une analyse en termes quantitatifs de l’observation du niveau des déficits ou du niveau des dettes. On a besoin d’une approche plus qualitative qui permette aux Etats membres de se sentir concernés par ce qu’ils débattent ensembles. Or aujourd’hui la Commission européenne continue à nous proposer une approche en termes quantitatifs qui ne permettra pas d’avoir un débat de qualité sur de sujets tels que Qu’est-ce que c’est que la demande européenne? Qu’est-ce que c’est que la demande au sein de la zone euro? Qu’est-ce que c’est que l’investissement public et privé au sein de la zone euro?
Comment comptez-vous travailler avec les Parlements nationaux sur cette question alors que le débat va être lancé au sein même des Etats membres?
Les Parlements nationaux ont un rôle majeur puisque c’est eux qui, sur la base de la proposition que leur font leurs gouvernements votent le budget des Etats membres, or ce qui est important c’est que lorsque les Parlements nationaux votent ces budgets ils aient en arrière plan, qu’ils intègrent dans leur approche, une approche européenne. Chacun à sa place contribue à la mise en place d’une dynamique européenne. Et pour cela, dans la partie du semestre européen nous souhaitons avoir un dialogue très actif avec eux, pour qu’avant que le Conseil arrête, sur proposition de la Commission, les orientations pays par pays, ils soient pleinement imprégnés de la dimension européenne des politiques nationales qu’ils devront mettre en œuvre.