Les deux principaux groupes du Parlement européen ont réclamé mardi à Strasbourg un renforcement de la gouvernance et des moyens financiers de l’Union européenne pour sortir de la crise économique. Socialistes et conservateurs, qui dominent le Parlement, se rejoignent sur le diagnostic et les solutions à apporter. « L’Union européenne ne sortira pas de cette crise avec un retour au statu quo », a dit la socialiste française Pervenche Bérès, en présentant à la presse une version intérimaire de son rapport sur « La crise financière, économique et sociale ».
« Elle ne peut plus se contenter de coordonner ce que font les Etats membres », a-t-elle ajouté en invitant l’UE à « agir », via la Commission européenne, dans ses domaines de compétence : énergie, environnement, transports, recherche-développement.
Si le rapport doit encore être amendé au sein de la commission ad hoc du Parlement sur la crise financière avant d’être présenté en plénière, le diagnostic de l’UMP Alain Lamassoure, co-rapporteur pour le Parti populaire européen (PPE), diffère peu de celui de sa compatriote.
Affirmant son soutien au plan de 750 milliards d’euros mis au point par les pays de l’UE pour stabiliser l’euro, il se dit convaincu qu’il « ne suffira pas à régler le problème de fond, la faiblesse économique révélée chez 20 Etats membres sur 27 ».
« Le 9 mai, nous avons mis en commun nos capacités d’emprunt. Ajoutons un étage, mettons en commun nos moyens budgétaires », a-t-il ajouté lors d’une rencontre avec la presse.
La stratégie de croissance « 2020 » que le Conseil européen pourrait adopter le 17 juin ne sera pas crédible, selon lui, si l’UE ne met pas en face des moyens financiers.
UNE TAXE POUR FINANCER LE BUDGET DE L’UE ?
Pervenche Berès propose que la Banque européenne d’investissement (BEI) soit l’instrument privilégié de cette stratégie de croissance.
Elle recommande par ailleurs l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, en faveur de laquelle le Parlement européen s’est déjà prononcé et que soutient son collègue UMP.
« Pourquoi pas une taxe européenne qui alimente le budget européen », plaide Alain Lamassoure, reprenant une idée maintes fois évoquée mais toujours rejetée par les Etats membres.
Les deux eurodéputés estiment que « dans le sillage européen, les budgets des Etats membres doivent appuyer l’action ainsi engagée », selon une formule du rapport Berès.
« Je propose de sortir du seul débat sur la discipline budgétaire pour un débat sur la stratégie budgétaire », ajoute l’eurodéputée socialiste.
Elle ne retient pas dans son rapport l’idée d’un examen a priori des budgets nationaux par la Commission européenne, formulée le 12 mai par l’exécutif de l’UE, qui a reçu un accueil mitigé de la part des Etats membres.
Elle propose en revanche que le commissaire en charge de ces compétences « préside le conseil Ecofin et l’Eurogroupe et représente l’Union européenne dans les instances internationales relevant de sa compétence ».
Actuellement, le président de l’Eurogroupe est choisi parmi les ministres des Finances de la zone euro – le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker pour l’instant – et la présidence tournante de l’UE dirige les travaux de ministres des Vingt-Sept.
C’est au sein de l’Eurogroupe que devrait être organisée, selon Pervenche Bérès, une évaluation des budgets des Etats membres dont elle prône une harmonisation statistique.
Alain Lamassoure propose pour sa part un « débat d’orientation budgétaire commun à tous les parlements » de l’UE dans lequel chaque pays expliquerait « sa politique et ce qui, dans son budget, contribue à financer les projets européens ».