La réponse de la Délégation socialiste française au courrier de John Monks daté du 21 mars dernier, au sujet du vote de la DSF sur la modification du Traité instituant le Mécanisme européen de stabilité.

Camarade,
Cher John,

La Délégation Socialiste Française te remercie de ton courrier du 21 mars dernier, qui a retenu toute notre attention.
Nous partageons tes inquiétudes quant à l’orientation que la droite européenne entend donner à la gouvernance économique de l’Union. Que ce soit dans le cadre du « paquet gouvernance économique », de l’examen annuel de croissance ou du « Pacte de l’euro », nous jugeons inacceptables les attaques systématiques des conservateurs à l’encontre du modèle social européen et combattons l’instauration d’un régime de surveillance macroéconomique uniquement fondé sur des sanctions automatiques. Les propositions sur la table ne permettront pas de financer les investissements et de créer les emplois nécessaires, bien au contraire. Ce que la majorité du Conseil nous propose, c’est de faire peser sur les travailleurs, et sur eux uniquement, le coût de la crise du secteur financier et de son sauvetage par la puissance publique. En tant que Socialistes, nous ne pouvons en aucun cas soutenir cet agenda dicté par l’idéologie néolibérale.
Cependant, nous avons voté en faveur de la modification du Traité instituant le mécanisme européen de stabilité sur la conditionnalité duquel le Parlement a obtenu de pouvoir se prononcer. Les modifications proposées s’apparentent sur la forme à une révision de convenance tandis que sur le fond, le mécanisme est intergouvernemental et son usage se fera à un coût élevé pour les peuples européens. Mais, en notre âme et conscience, nous ne pouvons pas faire le choix de rejeter ce Mécanisme de Stabilité Européen, qui est la seule réponse que le Conseil apporte à nos camarades Grecs, Portugais et à l’Irlande.
Pour nous, ce mécanisme est un embryon de ce que pourraient être demain les euro-bonds que nous appelons de nos vœux pour financer le budget de l’Union et desserrer l’étau des marchés financiers sur la dette souveraine des Etats.
La Délégation Socialiste Française tient à rappeler que ce vote sur la modification du Traité ne nous lie en rien à la position finale que nous adopterons sur le dossier de la gouvernance économique. Nous nous battrons pour la référence aux politiques de l’emploi, pour le soutien aux mécanismes de négociation collective et de dialogue social, ou pour le remplacement d’une politique budgétaire « prudente » contre une politique budgétaire efficace et durable, positions par ailleurs déjà prises par la commission de l’emploi et des affaires sociales au Parlement. Nous ne pourrons en aucun cas apporter notre soutien à un paquet législatif qui prive les Etats Membres de toute marge de manœuvre en matière budgétaire, ou les contraigne à mettre en œuvre des politiques visant à démanteler les services publics et à remettre en cause leurs acquis en matière de droit du travail et de protection sociale.
T’assurant de notre détermination à lutter contre toute politique d’austérité imposée par la droite européenne, je te prie de recevoir, Camarade, cher John, l’expression des sentiments les plus fraternels de notre Délégation.

Au nom de la délégation socialiste française,
Catherine Trautmann