Pervenche Berès, au nom du groupe S&D. – Madame la Présidente, Madame la Commissaire, chers collègues, lorsque le programme européen d’aide alimentaire aux plus démunis a été mis en place pour permettre le fonctionnement des réseaux d’excellence que constituent les banques alimentaires ou les restos du cœur – qu’avait intelligemment, malheureusement, créés Coluche –, nous traversions un hiver trop rigoureux, celui de 1986-1987. Peut-on dire que l’hiver qui est devant nous, au beau milieu d’une crise qui n’est pas derrière nous, sera moins rigoureux? Je ne le crois pas. Pour quelles raisons, alors, faudrait-il renoncer à ce programme? Pourquoi faudrait-il le tailler en pièces, comme la Commission vient de le faire dans sa présentation du budget 2012? C’est ici la même bataille qui est engagée que lorsque nous avons eu la négociation sur la stratégie Europe 2020.
On nous avait dit que la question de la lutte contre la pauvreté était une question pour les États membres, une question subsidiaire ne relevant pas de la compétence de l’Union européenne. Finalement, nous en avons décidé autrement. Là encore, on voudrait nous dire qu’il s’agit d’une politique à mener uniquement au niveau des États membres. Non! Le concept de solidarité doit être un concept européen car, sinon, cette solidarité perd son âme.
Puis, ce programme est aujourd’hui victime des succès de la politique agricole, qui a conduit à épuiser les stocks et qui interdit la reconstitution de ceux-ci. Il y a là matière à interrogation. Enfin, l’article 9 du traité de Lisbonne, certains semblent l’avoir oublié. Pourtant, il nous dit que, dans toutes les politiques de l’Union européenne, la question de la lutte contre l’exclusion sociale doit être au cœur des politiques définies, des moyens mis en œuvre et des actions engagées. Où est cette cohérence de l’action de l’Union européenne? Madame la Commissaire, nous vous demandons de rétablir les moyens budgétaires du programme d’aide alimentaire aux plus démunis, et nous vous demandons de prendre des engagements clairs pour que pas un seul centime ne manque pour mobiliser cette aide au service des plus démunis dans les perspectives financières.