L’Humanité
Mercredi 31 Août 2011
Pervenche Berès,
Députée européenne (PS).
« Standard & Poor’s a dégradé la note des États-Unis, pourquoi est-ce que Moody’s et Fitch ne l’ont pas suivi ? Parce que la main qui les nourrit les aurait tués. Les agences privées américaines de notation, confortées par la complaisance du législateur, se sont arrogé un droit de préemption en matière de politiques économiques. Pourtant elles se trompent lourdement: en septembre2008, elles attribuaient une excellente note à Lehman Brothers, qui devait s’effondrer quelques jours après pour avoir trop parié sur la solidité du marché toxique des subprimes… Cette incapacité des agences à mener à bien leurs missions est directement liée à leurs conflits d’intérêts puisqu’elles sont payées par ceux qu’elles évaluent.
Cette mascarade n’a que trop duré, c’est pourquoi les socialistes européens sont favorables à la création d’une agence européenne publique de notation, organe de régulation à l’instar de ce qui existe dans plusieurs secteurs économiques. Son autonomie financière assurée par une ressource propre européenne lui garantirait son indépendance fonctionnelle, tant à l’égard des grands établissements financiers privés que des pouvoirs publics européens. La droite européenne est désormais mobilisée autour du projet défendu par le président de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, qui consiste à créer une agence de notation privée financée… par les 25 plus grandes entreprises européennes. Préférant soutenir les champions boursiers de l’économie européenne, les conservateurs privilégient la voie de la connivence entre grands groupes internationaux et agences de notation privées. Face à l’irresponsabilité de la droite européenne, les socialistes font le choix de l’impartialité et de l’indépendance des pouvoirs publics pour évaluer une économie au service des citoyens. »