Conclusion du sommet européen de printemps des 25 et 26 mars.

Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil européen, quatre réflexions. La première concerne le mandat du groupe de travail qui vous a été confié sur la procédure de déficit excessif et sur la crise: ne vous contentez pas de cet agenda-là parce qu’en faisant cela, vous vous détourneriez de ce dont nous avons besoin.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de gouvernance économique. Ce que cela signifie, personne ne le sait encore. Voilà dix ans qu’on cherche, mais le moment est venu de clarifier ce point, et si nous nous concentrons trop sur la gestion des crises, nous échapperons au débat essentiel, qui est celui de savoir comment, avec une monnaie unique, nous menons un jeu collectif intelligent.

Ce jeu collectif intelligent, ce n’est pas que la question de la responsabilité ou de la solidarité, comme vous l’avez mentionné, mais c’est bien l’enjeu de la valeur ajoutée que représente le fait de partager une monnaie qui ne se réduit pas à une union monétaire, mais qui doit aussi être une union économique, et où le seul outil dont nous disposions jusqu’à présent, le pacte de stabilité, n’est pas suffisant, car il n’a jamais été un pacte de croissance et il est un pacte qui n’a pas autorisé la zone euro à vivre son optimum.

C’est aussi un pacte qui n’a pas empêché l’existence et l’aggravation de divergences de compétitivité entre les économies de la zone. Et quelle que soit la réforme du traité que vous imaginerez, quelle que soit la réforme du pacte de stabilité que vous envisagerez, vous ne traiterez pas le problème des divergences de compétitivité des économies avec ces outils-là.

Il faut donc inventer de nouveaux outils; c’est le mandat tel que vous devez le considérer.

J’ajoute que, depuis des années, nous disons qu’il nous faut des calendriers concertés, des prévisions économiques harmonisées, des diagnostics partagés pour arrêter les stratégies économiques des États membres de la zone euro. Voilà l’enjeu du débat et du mandat qui est aujourd’hui le vôtre.

Sur le rôle du Parlement européen dans toute cette affaire, ce que je vous propose, et ce que je propose à mes collègues ici du Parlement européen c’est que, dans le cadre d’une saine émulation entre institutions, nous établissions notre propre groupe de sages avec des gens de qualité, d’expertise et d’indépendance qui permettent d’apporter une contribution intellectuelle importante à ce débat, qui est un débat critique pour le futur de la zone euro et donc de l’Union européenne.