Madame la Présidente, Monsieur le Président en exercice du Conseil, Messieurs les Commissaires, ce débat est important, non seulement parce que l’euro est attaqué, mais aussi parce que jeudi aura lieu le premier sommet sous la responsabilité du président Van Rompuy.
Je constate qu’aujourd’hui, les Européens sont fermes et convaincus que nous ne pouvons pas laisser le FMI intervenir en Grèce. Je m’en réjouis car ce serait fermer la porte à tout ce pour quoi nous plaidons depuis tant d’années, à savoir une gouvernance économique de la zone.
Lorsque nous plaidons pour une gouvernance économique de la zone euro, cela signifie que, face à la volatilité des marchés, il faut nous armer pour avoir les moyens de réagir en fonction de cette réactivité des marchés. Manifestement, aujourd’hui, le compte n’y est pas tout à fait.
Ce que je constate aussi, c’est que, dans nos mécanismes européens, la situation aujourd’hui est telle que, si vous êtes en dehors de la zone euro, vous pouvez être « aidé », alors qu’à l’intérieur, c’est beaucoup plus compliqué. Je n’ai jamais imaginé la zone euro comme étant une zone de non-solidarité. Le fonctionnement même de la zone euro repose sur le concept de solidarité.
Aucun des pays membres de la zone, quelle que soit sa stratégie d’exportation, quel que soit le niveau de son déficit, quel que soit le niveau de sa dette publique, n’a de chances de s’en sortir si l’un des maillons est attaqué.
Or, à quoi assistons-nous aujourd’hui? À un mécanisme qui fait que les marchés financiers jouent les uns contre les autres, mettent à l’épreuve notre capacité de solidarité, mettent à l’épreuve notre capacité à faire vivre le concept même de zone euro. Car le concept de zone euro, c’est l’idée que, si l’on veut se donner des marges de manœuvre, échapper au seul mécanisme de la spéculation, il nous faut développer notre propre stratégie.
Or, cette capacité, au fond, à être un peu immunisé par rapport à ce qu’était le jeu des marchés des changes avant l’adoption de l’euro, avec les mécanismes de notation de la dette souveraine, a été réintroduite à l’intérieur même de la zone euro.
C’est de cela qu’il faut tenir compte. Cela va bien au-delà des propositions qui sont aujourd’hui sur la table, et il incombera au président Van Rompuy, jeudi prochain, de lancer les pistes de travail qui sont très importantes.