Les députés européens aimeraient que les problèmes de la Grèce se règlent sans l’intervention du FMI, et ceux de la zone euro, au niveau européen. Lors d’un débat en session plénière le 9 février, ils se
néanmoins divisés sur l’attitude que l’UE devrait adopter à l’égard de la Grèce : l’aider, ou la à poursuivre la réduction de ses dépenses jusqu’à ce que son problème d’endettement soit résolu.
Pour la Néerlandaise Corinne Wortmann-Kool (PPE), dont le groupe a insisté pour l’ajout en dernière minute de cette question à l’ordre du jour, tirer davantage de fonds du budget européen n’est pas une solution. Udo Bullman (S&D, Allemagne) a indiqué que les Etats membres pouvaient organiser des prêts préférentiels à la Grèce. Il a plaidé pour que l’UE se dote d’outils capables de défendre l’économie européenne contre les « attaques du
La socialiste Pervenche Berès (France) a critiqué la clause européenne de non-sauvetage (Article 143 du Traité de Lisbonne) qui permet à la Hongrie, la Lettonie et la Roumanie d’avoir accès aux prêts de l’UE, mais pas aux pays qui utilisent l’euro. « Je n’aurais jamais cru que la zone euro serait une zone de non-solidarité », a-t-elle dénoncé.
Le Sommet du 11 février devrait déboucher sur une communication sur ce que les gouvernements européens peuvent faire pour aider Athènes. La position générale en Europe consiste à laisser les mesures sévères d’austérité à la Grèce, quitte à exiger davantage de sa part si les engagements pris dans son programme de stabilité et de croissance n’étaient pas respectés. La Commission appuie totalement la Grèce dans son effort d’assainissement, a indiqué, le 9 février, le commissaire sortant Joaquín Almunia (Affaires Économiques et monétaires). « Les mesures et les intentions politiques détaillées dans ce programme constituent un pas important dans la bonne direction ». Flanqué de son successeur Olli Rehn, il a exclu de se tourner vers le FMI. « Nous sommes tous membres du FMI mais nous pouvons et devons faire ceci par nous-mêmes (…). Nous disposons de plus qu’assez d’instruments pour faire ce qu’il faut.
La communication devrait exprimer la solidarité des Européens avec la Grèce et prôner un alignement européen plus marqué sur les réformes et politiques budgétaires. Le ministre espagnol Diego López Garrido (Affaires européennes) a déclaré qu’il s’agirait « d’un message pro-européen, d’un message d’unité européenne, de foi dans les gouvernements européens, y compris dans le gouvernement grec, et de confiance dans notre capacité » à prendre la voie de la croissance et de l’emploi de manière coordonnée.
Les ministres des Finances de la zone euro ont pris part à une vidéoconférence, le 10 février, axée sur les problèmes de l’euro. Les seize pays utilisateurs de la monnaie unique enregistrent en moyenne un déficit de 7 % du PIB et une dette brute excédant les 80 %. En empruntant plus que la moyenne, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et l’Italie incitent les spéculateurs à parier contre la survie de l’euro. Lequel a chuté à un niveau plancher record depuis huit mois par rapport au billet vert le 8 février (à 1,3675 dollar) pour se ressaisir légèrement le lendemain, à 1,3760 dollar.
Guy Verhofstadt, président du groupe ADLE, y a vu «une réponse des marchés financiers à notre manque de cohésion et à notre manque de solidarité ». Il a reproché à la BCE et à la Commission de ne pas avoir immédiatement réagi avec un « paquet » pour la Grèce. Il a également épinglé la stratégie de Lisbonne pour son incapacité d’aplanir les différences entre Etats faibles et Etats forts. Kay Swinburne (ECR, Royaume-Uni) a suggéré d’accorder davantage de pouvoir à la Banque centrale européenne afin de surveiller les dettes publiques cumulatives, plus que les nouvelles dettes. Pascal Canfin (Verts, France) a estimé que le Pacte de stabilité et de croissance était trop étroit et devait se concentrer sur l’endettement privé en plus des finances publiques.
Le cri d’alarme des dirigeants semble être que tous les pays qui utilisent l’euro sont dans le même bateau, et que c’est ce message qu’il faut faire passer après le Conseil du 11 février. « Dans nos frontières et hors de la zone euro, nous devons parler d’une voix claire et crédible. C’est ainsi que se bâtit la confiance », a conclu M. Almunia.