Après s’être fortement impliqués dans les auditions des commissaires désignés, les membres de la délégation socialiste française considèrent que le futur collège n’est pas suffisamment armé pour répondre à la crise, ainsi qu’aux urgences sociale et climatique, et pour s’imposer sur la scène mondiale.
« Contraints sans doute au silence, les candidats ont dans l’ensemble montré peu d’engagement politique, peu d’ambition et aucune vision personnelle. De plus, la délimitation des portefeuilles sera certainement source de conflits, et les auditions ont parfois révélé des profils sous-dimensionnés. L’ensemble des critiques émises à l’égard de ce collège pendant les auditions, dans l’ensemble des groupes politiques, démontre l’impossibilité pour notre assemblée d’accorder un plébiscite à Barroso II « , explique Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen. Les futurs commissaires ne se sont pas engagés sur des points essentiels aux yeux des socialistes : stratégie de sortie de crise, réponse à l’urgence sociale et climatique, et renouveau du projet européen. La présidente de la délégation socialiste française souligne d’autres absences dangereuses : « aucun engagement substantiel sur l’harmonisation fiscale et l’harmonisation sociale, sur l’ambition d’une politique industrielle, sur les moyens de l’Union, son budget, la politique régionale et la politique agricole, sur la protection des services publics et des services sociaux, ou encore sur les véritables priorités et orientations de la politique étrangère et de sécurité commune ».
Le collège n’a donné ni perspectives politiques à l’échelle interne, ni ambition en ce qui concerne l’union comme acteur global. Les Etats membres ne l’ont pas voulu. C’est leur choix.
« Notre vote contre l’investiture de Monsieur Barroso désignait notre refus d’une Europe réduite aux acquêts de l’intergouvernementalisme, triomphe des égoïsmes nationaux », rappelle Catherine Trautmann. « Les auditions ont confirmé nos craintes : la seule priorité de ce collège sera de ne pas gêner le Conseil. Nous ne pouvons pas cautionner par notre vote un tel affaiblissement de l’exécutif communautaire. »
Enfin, ajoute la présidente, « Dans un vote où le choix se limitait à « Pour » ou « contre », c’est en cohérence que nous avons voté contre l’investiture de ce collège. Il nous est impossible de donner un blanc-seing à ce manque flagrant de volontarisme européen. »
L’Europe a besoin de vision, d’ambition et d’impulsion avec un exécutif qui soit le moteur de l’intégration européenne. Par son orientation majoritairement conservatrice et libérale comme par sa composition, la Commission proposée ne répond pas à cet objectif.