Mercredi 13 juin 2012
Pervenche Berès : Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, nous avons déjà eu l’occasion d’aborder le sujet en commission des affaires économiques et monétaires lundi soir.
Je voudrais vous faire quelques remarques. La première, c’est que, dans ces recommandations spécifiques par pays, que vous venez d’émettre, nous nous disons au fond que la question fondamentale qui devrait être arbitrée si toutes ces recommandations étaient mises en œuvre, c’est bien celle des déséquilibres macroéconomiques au sein de l’Union. Lorsque l’on regarde le puzzle de ces recommandations, on se demande si nous avons là vraiment tous les outils nécessaires pour corriger ces déséquilibres macroéconomiques et rendre cette gestion, en particulier, de la zone euro dans son ensemble aussi efficace que nous devrions l’imaginer.
Et puis, lorsque je regarde les recommandations spécifiques que vous avez adressées à un pays que je connais bien, la France, je suis frappée par le fait qu’à aucun moment vous ne dites que ces recommandations sont émises sur la base d’un document qui vous a été remis par un gouvernement défait par les élections. Dans ce document, vous actez le bilan de cinq ans de présidence de Nicolas Sarkozy. Vous dites qu’en cinq ans, la France a perdu 19,4 % de sa compétitivité à l’extérieur. Et la réponse que les Français ont apportée, c’est de dire qu’ils veulent une révision de la TVA, une révision de la réforme des retraites, un coup de pouce au SMIC.
Or, dans les recommandations que vous adressez à ce pays, vous dites exactement le contraire. Cela pose une question démocratique. Steven Hughes l’a dit au nom de mon groupe, mais je vous le redis dans ce cas particulier, nous ne réussirons pas collectivement si, dans les États membres, on a l’impression qu’il y a un diktat qui est défini à Bruxelles, ignorant les réalités politiques des pays. Vous devez répondre à cette question.
Dans ce Parlement, vous le savez, nous sommes tous favorables à une intégration, à davantage de force ensemble au niveau européen, car nous savons que c’est ensemble que nous nous en sortirons. Mais si vous le faites contre les peuples, contre leur choix politique, nous irons dans le mur. Il faut que vous répondiez à cette question, Monsieur le Commissaire.