Conférence sur l’emploi: difficile de lutter contre le chômage sans croissance

10 September 2012
Europolitique

A l’occasion de la conférence « Des emplois pour l’Europe », qui s’est achevée le 7 septembre à Bruxelles (voir Europolitique n°4481) et qui était organisée par la Commission européenne, les intervenants – commissaires, parlementaires, organisations internationales, universitaires et représentants du secteur privé – ont débattu des réponses aux défis que rencontre l’Union européenne : les pays « sous programme de sauvetage », le chômage des jeunes, l’enjeu des salaires, et l’avenir des emplois dans le domaine de la santé.

Les pays de la zone euro sous programme de sauvetage que sont la Grèce, le Portugal et l’Irlande, font face à des mesures d’austérité qui contractent la demande. Et les taux de chômage s’envolent (14,7 % en Irlande, 22,6 % en Grèce). La solution évoquée par Pedro Silva Martins, secrétaire d’Etat portugais à l’Economie et à l’emploi, est la flexicurité. Il faudrait, selon lui, favoriser la flexibilité du marché du travail en éliminant certaines barrières au licenciement, tout en protégeant davantage les chômeurs, et en préservant les services publics essentiels (couverture sociale, éducation, etc.).

Pour l’eurodéputée Pervenche Berès (S&D, France), le chômage chez les jeunes est une des grandes préoccupations de l’Europe tant cette génération devra « faire face aux défis de l’innovation et de la compétitivité face aux BRICS et aux pays émergents ». Aujourd’hui en Europe, un quart des jeunes de 18 à 25 ans sont au chômage. Comme exemple de solution, elle a cité l’initiative du gouvernement français de lancer des « contrats de génération », un parrainage entre jeunes diplômés et futurs retraités qui se relaient dans une entreprise. Sont aussi évoquées l’initiative de la région Toscane de financer des programmes de stage en entreprise avec l’aide du Fonds social européen, où encore le système allemand de formation en alternance, qui permet aux jeunes d’intégrer le monde de l’entreprise ou de l’artisanat tout en continuant à étudier.

SANTÉ : DES EMPLOIS PEU ATTRAYANTS

Un des objectifs affichés de l’UE (et rappelé par M. Barroso) est de soutenir activement les secteurs à fort potentiel de création d’emplois. C’est notamment le cas des emplois dans le secteur de la santé. Ce secteur compte pour 8 à 10% des créations d’emploi actuellement. Mais la profession est trop peu attrayante à cause des faibles rémunérations, des horaires compliqués, et du stress occasionné, regrette Marianne Olsson, présidente de l’Association européenne de gestion de la santé (European Health Management Association – EHMA). Parmi les solutions citées, des bonus pour les horaires de nuit ou du week-end, plus de reconnaissance dans le travail, et des campagnes publiques pour améliorer l’image de la profession d’infirmier/infirmière. L’EHMA a aussi commencé à recenser de nombreux cas de « bonnes pratiques », pour aider à la coordination des politiques et évaluer la possibilité de transposer ces pratiques dans les systèmes nationaux.

L’AUSTÉRITÉ « TUE LA CROISSANCE »

Parmi les représentants des partenaires sociaux européens présents, Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), s’est positionnée contre les programmes d’austérité en Europe qui, selon elle, « tuent la croissance ». Elle critique la politique de baisse des salaires pratiquée en Allemagne : « son avantage compétitif, c’est saspécialisation, pas ses coûts salariaux ».

Maxime Cerutti, de Business Europe, s’est, lui, prononcé contre le principe de salaire minimum trop large, citant les exemples de l’Allemagne, du Danemark et de l’Italie où les salaires résultent plus du dialogue entre représentants syndicaux et patronaux dans chaque entreprise, ou par branche.

Alors que M. Barroso a rappelé l’importance de la préservation des services publics sociaux et de la lutte contre la baisse des salaires, les politiques d’assainissement budgétaires pratiquées par les pays européens semblent être l’obstacle majeur à des politiques actives de soutien de l’emploi.