Les eurodéputés ont appelé mardi, à une large majorité, les dirigeants de l’UE à rendre plus démocratique la réforme de la zone euro engagée depuis la crise financière. Ils réclament un rôle accru pour leur propre institution, « pleinement légitime » pour assurer ce contrôle.
Si les querelles sur le budget dominent l’actualité européenne, elles ne font pas oublier la réforme en profondeur de l’Union économique et monétaire (UEM) engagée par les 27.
Ce processus est actuellement piloté par une groupe de quatre présidents (du Conseil, de la Commission, de la Banque centrale et de l’Eurogroupe), au grand dam des eurodéputés, qui voudraient voir leur président Martin Schulz associé de façon permanente aux travaux.
Par 482 voix contre 160, ils ont adopté mardi le long rapport de la Belge Marianne Thyssen (CD&V) détaillant la position du Parlement dans tous les dossiers ayant trait à la réforme de l’UEM.
Ils soulignent notamment « qu’une amélioration substantielle de la légitimité démocratique et du contrôle (…) moyennant un rôle accru du Parlement, constitue un impératif absolu et une condition préalable à toute autre avancée dans le sens d’une union bancaire, d’une union budgétaire et d’une union économique ».
Pour un « pilier social »
Les députés insistent par ailleurs sur l’inclusion d’un pilier social dans une stratégie aujourd’hui exclusivement économique et financière. « Une véritable UEM ne peut méconnaître les fondements du modèle social européen », a souligné en plénière la présidente de la commission des affaires sociales, la socialiste française Pervenche Bérès.
Elle suggère notamment que la redoutable troïka (Commission, BCE, FMI) supervisant les réformes socio-économiques dans les pays sous assistance soit élargie à l’Organisation internationale du travail (OIT). Cette idée n’a toutefois pas été retenue dans le rapport Thyssen.
Les députés demandent par contre de pouvoir auditionner les représentants de la troïka, qui devraient en outre leur présenter des rapports réguliers. Une façon de rendre plus transparent le fonctionnement d’une instance accusée de détricoter les droits sociaux dans le plus grand secret.
Le Parlement européen n’a pas de pouvoir contraignant dans la réforme de l’UEM, mais ses membres espèrent bien être entendus par les gouvernements. Les négociations reprendront une fois que les 27 auront réussi à sortir de l’impasse sur le budget 2014-2020 de l’Union, thème du sommet prévu cette semaine. Le sommet suivant (13 et 14 décembre) devrait y être consacré.