Mercredi 30 janvier 2013
Communiqué de presse du Parlement européen
Le semestre européen était au centre des travaux des commissions des affaires économiques et monétaires, des budgets, et de l’emploi, mardi. Les députés européens ont rencontré leurs homologues nationaux en vue de débattre des travaux de coordination économique en cours au niveau européen et de la manière dont les parlements peuvent, au mieux, amener les divers décideurs à rendre compte de leurs actes.
Déficit démocratique et austérité
Les nouvelles dispositions sur la gouvernance économique étant introduites, notamment via le semestre européen, elles touchent directement chaque aspect des politiques économiques nationales. Par conséquent, elles doivent être soumises à un contrôle démocratique plus rigoureux, ont reconnu les députés européens et nationaux lors du débat en commission des affaires économiques et monétaires. Sans ce contrôle, les citoyens pourraient, à terme, ne plus accepter les recommandations de réforme, ont-ils averti. Un changement radical vers une gouvernance économique renforcée nécessite une transition similaire dans la manière dont les parlements sont impliqués et coopèrent, a fait remarquer un député national.
Toutefois, tous les participants n’étaient pas d’accord sur le fait qu’une telle évolution du paysage européen nécessitait des changements vers une union plus intégrée de manière générale.
La question de savoir si les décideurs politiques devraient arrêter de prescrire l’austérité comme remède à la crise, a encore plus divisé les participants. De nombreux députés de centre gauche ont affirmé que l’austérité avait précisément l’effet inverse que celui désiré. D’autres ont répliqué que les réformes étaient dures mais inévitables et qu’elles donnaient des résultats positifs.
Budget de l’UE
Le président de la commission des budgets au PE, Alain Lamassoure (PPE, FR), a demandé un véritable débat sur ce qu’on peut attendre du budget de l’UE.
« La population de l’Irlande représente moins de 1 % de la population européenne, et le PIB de la Grèce moins de 2 % du PIB de l’UE dans son ensemble. Toutefois, leurs problèmes budgétaires nous occupent depuis un long moment », a-t-il déclaré, soulignant que les budgets nationaux des États membres de l’Union étaient interdépendants.
Il a également appelé à un véritable système européen de « ressources propres » afin que l’Union soit moins dépendante des contributions des budgets nationaux (qui comptent pour 85 % à l’heure actuelle).
Le budget de l’UE ne devrait pas être considéré comme un « fardeau » pour les budgets nationaux, mais comme un « moyen de réaliser des actions de manière moins onéreuse en agissant ensemble », a déclaré la députée Anne Jensen (ADLE, DK), qui dirigera les travaux sur le budget de l’UE de l’an prochain au Parlement. « Au Danemark, nous économisons de l’argent en termes de services diplomatiques depuis que le service européen pour l’action extérieure existe », a-t-elle expliqué.
Mme Jensen a critiqué la proposition de compromis qui circule entre certains États membres sur le budget à long terme de l’UE (2014-2020). « Cette proposition implique que nous aurions le même budget en 2020 qu’en 2008 », a-t-elle déclaré. Tout comme M. Lamassoure, elle a défendu un budget suffisamment flexible pour faire face aux circonstances en évolution permanente.
Chômage chez les jeunes et impact social de l’assainissement budgétaire
Des systèmes de garantie pour la jeunesse, en vue de veiller à ce qu’aucun jeune dans l’UE ne soit sans emploi, sans formation ou sans stage pendant plus de 4 mois, sont l’un des moyens de permettre aux jeunes d’avoir accès à l’emploi, ont déclaré les députés européens et nationaux. La promotion de l’entrepreneuriat, des mesures en vue de garantir que les plus jeunes ne soient pas en décrochage scolaire, une meilleure coordination des formations et stages par rapport aux besoins des employeurs, et des réformes sur le marché du travail font partie des propositions présentées par les députés européens et nationaux comme moyens de réduire le chômage chez les jeunes et de lutter contre le risque d’une « génération perdue ». Le chômage chez les jeunes a atteint 23,7 %, un pic sans précédant dans l’Union.
Les députés européens et nationaux ont également débattu de l’impact social des mesures d’austérité. « Cette question est importante à l’heure où plusieurs économistes ont reconnu les effets multiplicateurs négatifs des mesures d’austérité sur l’emploi, et à l’heure où les conditions sociales ont été sous-estimées », a déclaré la présidente de la commission de l’emploi, Pervenche Berès (S&D, FR). « Il est temps, désormais, de mettre en œuvre un assainissement budgétaire proportionné et différentié, en vue d’éviter des effets négatifs sur la croissance et l’emploi », a affirmé Veronica Lope Fontagné (PPE, ES), rapporteur sur les aspects liés à l’emploi abordés par l’examen annuel de la croissance 2013.