Tribune : Taxe sur les transactions financières: pourquoi la finance n’en veut pas.

Par dix eurodéputés membres du groupe S&D (Socialiste-Démocrate)

Mediapart lundi 23 septembre 2013

Il y a un an environ, onze pays de l’Union européenne – la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Estonie, l’Espagne, la Grèce, la Slovaquie, la Belgique, l’Autriche, le Portugal et la Slovénie – ont décidé de taxer les transactions financières.
Cette taxe est désormais sur le point de devenir une réalité. Mais – alors qu’elle s’approche de la ligne d’arrivée – les lobbies de la finance se mobilisent pour la diluer, la reporter voire l’enterrer.
La taxe sur les transactions financières européenne (TTF) est l’histoire d’un bras de fer visant à démonter que les marchés financiers ne sont pas au-dessus de la démocratie. la TTF s’est hissée il y a trois ans tout en haut de l’agenda européen à l’initiative des socialistes et démocrates. À l’époque, peu de monde croyait en ses chances d’aboutir.
Cette idée à la fois simple, réalisable et socialement juste a rapidement obtenu le soutien d’une majorité de citoyens européens qui subissaient l’impact de la crise.
La TTF est un instrument équilibré. Elle permet une taxation juste du secteur financier et décourage les transactions les plus spéculatives.
Le Parlement européen a pris très tôt une position claire en faveur de la TTF. Il a su convaincre la Commission européenne et les leaders européens de ses vertus.
Nous sommes désormais à la croisée des chemins. Nous, les sociaux-démocrates, n’abandonnerons pas la lutte pour la justice fiscale. Des hauts fonctionnaires de certains gouvernements – y compris de pays ne participant pas au projet – tentent aujourd’hui de bloquer les possibilités de compromis.
Que signifie la démocratie si des hauts fonctionnaires ne suivent pas les accords politiques de leur ministre ?
Alors que tant de personnes souffrent des conséquences de la crise, ce comportement est inacceptable.
Des engagements ont été pris. La crédibilité de l’Europe est en jeu à un moment où les citoyens doutent de la politique et des institutions européennes.
Le Parlement européen a pour sa part voté à une très large majorité en faveur d’un compromis réaliste. Il revient aux États membres de se prononcer. Ils peuvent s’entendre rapidement sur les grandes caractéristiques de la taxe et résister aux sirènes de l’industrie financière.
Nous n’abandonnerons pas avant de voir davantage de justice dans le monde de la finance comme le demandent les citoyens européens.
Pervenche Berès, présidente de la commission Emploi et Affaires sociales au Parlement européen
Liem Hoang Ngoc, membre de la commission Affaires économiques et monétaires au Parlement européen
Udo Bullmann, chef de la délégation du SPD au Parlement européen
Leonardo Domenici, membre de la commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen
Saïd El Khadraoui, membre de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen
Mocja Kleva, membre de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen
Elisa Ferreira, porte-parole du groupe S&D pour les Affaires économiques et monétaires au Parlement européen
Anni Podimata, rapporteure du Parlement européen pour la TTF
Antolin Sanchez- Presedo, membre de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen
Peter Simon, membre de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen