Un Grexit aurait des conséquences désastreuses pour les Grecs, pour l’euro et pour l’Europe tout entière

Interview de Pervenche Berès, parue le mercredi 8 juillet 2015 dans les Dernières nouvelles d’Alsace ; l’Est républicain ; le Progrès ; le Républicain lorrain ; l’Alsace ; le Bien public ; le Dauphiné

Faut-il absolument éviter un Grexit ? Oui, car il aurait des conséquences désastreuses pour les Grecs, pour l’euro et pour l’Europe tout entière. L’euro est un projet politique, et accepter le Grexit serait accepter que les marchés pourront, demain, décider de l’appartenance ou non d’un pays à l’euro. Ce serait aussi une démonstration d’impuissance du deuxième ensemble économique mondial, incapable de résoudre le problème d’un des siens, dont l’économie ne représente moins de 3% du PIB de l’ensemble.
Tous les socio-démocrates européens ne partagent pas votre avis, à commencer par les Allemands Martin Schulz (président du parlement) et Sigmar Gabriel (vice-chancelier)…Martin Schulz a sans doute été déçu par l’attitude d’Alexis Tsipras, et il ne souhaite pas un Grexit. Quant à Sigmar Gabriel, sa position n’est pas celle de la majorité du SPD, comme l’a montré la réunion très agitée hier du bureau national du parti. Aujourd’hui, les socialistes européens unanimes ont lancé un message au Conseil européen afin d’éviter un Grexit.
Et François Hollande, critiqué par une partie de la gauche française… La négociation s’est malheureusement engagée dans une logique de créanciers, au lieu d’être une discussion de niveau politique. Mais je constate que François Hollande a su convaincre Alexis Tispras de reprendre les négociations, après que la Grèce avait été quasiment chassée de l’Eurogroupe. Et c’est lui qui a également invité Madame Merkel à reprendre les négociations. Il ne peut pas imposer un résultat d’un coup de baguette magique à dix-huit partenaires, mais je le vois extrêmement combattif, déterminé et engagé dans cette bataille.

Recueilli par Francis Brochet